JEAN-CLAUDE BRAS JOUEUR DU RED STAR 93

JEAN-CLAUDE BRAS, SUR LA VOIE DE LA CONSECRATION*

* article de Georges PRADELS, paru dans MIROIR DU FOOTBALL, début 1966.

Photo de Bras en 1965 © Les Amis du Red Star 93

Le football est malade en France, paraît-il. Pas du côté des joueurs. jamais, dans ce pays, il n'y eut autant d'hommes de valeur.
La France est si riche en footballeurs de classe qu'on arrive à oublier les meilleurs. L'avant-centre de Nîmes, Marcellin, est à peine connu du grand public. Pourtant, lorsqu'on le voit sur un terrain, on peut s'empêcher de l'admirer.
Nous citons Marcellin : c'st un exemple entre cent. Cette saison encore, que de blé en herbe ! A Nantes, Joël Prou ; à Reims, Alain Richard ; à Sochaux, Lassalette ; à Saint-Etienne, Hervé Revelli ; à Rennes, Louis Floch, etc. Les clubs les plus mal classés nous ont eux-mêmes réservé leurs surprises.
Le vieux club de Saint-Ouen, dans son malheur, à montré beaucoup de constance et on ne craignait pas de faire confiance à un jeune garçon qui la justifia brillamment. Il se nomme Jean-Claude Bras. Il y a un an, on l'ignorait. Aujourd'hui, plusieurs clubs professionnels s'intéressent à son sort et espèrent bien l'arracher au Red Star où il a toujours une licence d'amateur Jean-Claude Bras est né près de la Porte Pouchet dans le quartier des Epinettes. L'endroit, en bordure des anciennes fortifications, était jadis couvert de terrains vagues, où les gosses, les jours sans école, s'ébattaient autour d'un ballon du matin au soir.
On ne s'étonnera pas qu'un jeune écolier se soit mêlé à ce jeu si populaire, dans un quartier aussi populaire. Il appartenait à une famille nombreuse - quatre frères, deux soeurs - et fréquenta pourtant, après la communale, le lycée Condorcet.
Mais le virus du football l'avait atteint, encore qu'il aime également le handball.
Des fenêtres de l'appartement familial, il voyait se démener sur les terrains aménagés dans l'ancienne zone, des équipes scolaires , des minimes aux juniors. Comment résister quand le jeu vous plaît ? Avec ça, Jean-Claude était un peu poussé par un oncle qui fut jadis une célébrité du football de Saint-Ouen : Larmet, ancien gardien de la J.A.O., le rival local d'Alex Thépot, vedette du Red Star, portier de l'équipe de France.
Le premier club du jeune lycéen fut "Les Hongrois de Paris" ! Pourquoi ce "titi" parisien chez les Magyars de la capitale ? C'est que le club avait pris de l'âge et que les émigrés qui l'avaient créé s'étaient retirés les uns après les autres. Alors on recrute des Français. Quelle importance lorqu'on a une balle dans les pieds !
Jean-Claude Bras avait alors 12 ans. Il ne joua qu'une saison, comme minime et toujours comme attaquant. L'année suivante, il entre aux "Sports et Loisirs Vert-blanc". Nom qui dissimule par respect du règlement une maison d'éditions bien connue.
Dans son nouveau club, il est encore attaquant, il sera toujours attaquant bien que capable de jouer au centre du terrain. Mais on le conseillera : "Tente ta chance comme ailier, il y a moins de concurrence".
Jean-Claude Bras sera donc ailier. Sans difficulté, car il possède les qualités physiques qui conviennent au poste. Le football le passionne, empiète sur ses études. Le théorème du 4-2-4 l'intéresse plus que le postulat d'Euroclide. Ce qui fait, les circonstances aidant, qu'il abandonnera le "bahut" en seconde.
Il le regrette bien aujourd'hui et veut reprendre ses études là où il les laissa.
Pourquoi tourner le dos à Condorcet ? Parce que l'appelait le stade de Paris à Saint-Ouen, c'est dire le Red Star. Il a été présélectionné dans l'équipe des juniors parisiens. Au cours d'une rencontre au stade de Malakoff - il jouait ailier droit - il a été remarqué par un observateur : Jean Avellaneda, entraîneur du Red Star.
C'est ainsi qu'il s'engagea sur la route qui conduit au football professionnel, à petit pas, mais sûrement. L'entraîneur audonien l'a couvé, préparé en ce sens, sans rien brusquer.
Jean-Claude joua avec les amateurs, ailier, avant-centre, puis effectua son service militaire, il y a quelques semaines, au Bataillon de Joinville.
A la fin de la saison dernière , Avellaneda lui fit subir plusieurs tests avec les "pros", à l'occasion de matchs amicaux. Ce fut pour le jeune Bras la découverte des premiers grands déplacements : l'Italie, la Suisse. L'ambiance très amicale de l'équipe.

LIRE AUSSI: JEAN CLAUDE BRAS EN NOVEMBRE 1969

Archives           Page suivante      Retour à la page d'accueil